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Église St Pierre Es Liens de MARTIGNAC

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St PIERRE Es LIENS est un toponyme mais désigne essentiellement des édifices religieux nommés en mémoire de l’apôtre.

St Pierre Es Liens fait référence à une dédicace, également appelée « fête des chaînes du Prince des Apôtres », établie par le pape Sixte III en 439 sur le mont Esquilin en commémoration de l’emprisonnement que le roi Hérode Agrippa fit subir, à Jérusalem, à l’apôtre Pierre en l’an 44. Hérode Agrippa, roi des Juifs, après avoir condamné à mort saint Jacques le Majeur en l’an 43, fit emprisonner Saint Pierre. Les fidèles, à la nouvelle de l’arrestation du chef de l’Église, se mirent aussitôt en prière, et Dieu les exauça. Cette commémoration est fêtée le 1er août dans le christianisme occidental et le 16 janvier dans l’Église orthodoxe.

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La libaration de St Pierre de Bartolomé Esteban Murillo - 1667-

Le « Prince des Apôtres »,1er des douze et chef de l’Église naissante, chargé de chaînes, était gardé nuit et jour par seize soldats, dont quatre faisaient tour à tour sentinelle dans la prison autour de lui ; les autres gardaient les portes. La nuit même qui précédait le jour marqué pour l’exécution, Pierre dormait paisiblement au milieu de ses gardes, quand tout à coup la prison fut éclairée d’une lumière céleste. Un Ange apparaît, le réveille et lui dit : “Levez-vous promptement, prenez votre ceinture, vos vêtements et votre chaussure, et suivez-moi.” Au même instant les chaînes tombent de ses mains ; stupéfait, il obéit, et traverse sans obstacle, à la suite de l’Ange, le premier et le second corps de garde. Une porte de fer était à l’entrée du chemin qui conduisait à l’intérieur de Jérusalem ; cette porte s’ouvre d’elle-même. Ils vont ensemble jusqu’au bout de la rue, et l’Ange disparaît. Pierre avait cru que tout ce qui se passait n’était qu’un songe ; mais, persuadé alors de la réalité de sa délivrance, il en bénit le Seigneur en disant : “Je reconnais maintenant que Dieu a envoyé véritablement Son Ange et qu’Il m’a délivré de la main d’Hérode et de l’attente cruelle du peuple juif.” Il se rend alors à la maison de Marie, mère de Marc, son disciple, où se trouvait une foule en prière. Pierre frappe à la porte, et la jeune fille qui se présente pour ouvrir, ayant distingué la voix de Pierre, court l’annoncer dans l’intérieur de la maison. Personne n’y voulait croire : “Vous êtes folle !” dit-on à cette fille. “C’est son Ange,” disaient les autres. Pierre continuait à frapper. Quelle ne fut pas l’explosion de joie lorsque la porte fut ouverte et que l’on reconnut saint Pierre ! L’Apôtre raconta la merveille que Dieu venait d’accomplir. Les fidèles se firent un devoir de recueillir les précieuses chaînes de saint Pierre et les conservèrent avec un religieux respect. Plus tard, on recueillit aussi avec soin les deux chaînes vénérables portées à Rome par le chef des Apôtres. À peine furent-elles placées l’une près de l’autre, qu’elles s’unirent ensemble, de manière qu’il fut impossible d’y reconnaître aucune soudure.

Depuis ce temps, l’Église fait plus de cas de ces précieuses chaînes que des plus riches trésors, elles sont précieusement vénérées dans l’église de Saint-Pierre-aux-Liens

de Abbé L. Jaud : Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

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Église de Martignac - La face nord.


Sources :

  • ASSAPE- 1974-1978- (d’après MM M. REY et E. BORSOOK)
  • Dess Patrimoine Toulouse - 1996-1997-
  • Marie-Pasquine SUBES-PICOT :1989- Les peintures murales de l’église St Pierre Es Liens de Martignac à PUY L’ÉVÊQUE.
  • Le musée National des Monuments Français.
  • ARCHIVES DE PIERRE – Les églises du Moyen Âge du Lot- Conseil Régional de Midi-Pyrénées. Occitanie - 2011-

On ignore tout de l’histoire de l’église de Martignac, de la vocation de son clocher à colombage sur sa face orientale que l’on dit avoir servi de tour de défense, événement qui semble peu probable à cause de son emplacement.

On retrouve des vestiges d’un monastère dans les constructions voisines de l’église : tour de guet, portes en arcades murées ou salles voûtées.


DESCRIPTION DE L’ÉGLISE de Pierre Es Liens de MARTIGNAC – 46 – Lot

L’église romane est une construction relativement modeste en moellons équarris (qui ont été dégrossis afin d’obtenir les formes parallélépipédiques), à nef unique et abside semi-circulaire. La pierre est calcaire. Les élévations conservent les trous de Boulin bien alignés des échafaudages.

Les fenêtres d’origine sont étroites et couvertes de linteaux délardés en plein cintre pour la nef, et couvertes respectivement d’un arc appareillé et d’un arc monolithe en plein-cintre pour la fenêtre d’axe et la fenêtre nord de l’abside.

La corniche de l’abside est un simple bandeau chanfreiné souligné par une suite de trous carrés réservés dans une assise. Le décor sculpté se limite à un élément d’imposte remployé dans le portail refait au XIXe siècle.

L’élévation ouest a conservé son pignon d’origine dans la surélévation en pierre de taille réalisée pour le clocher ; celui-ci n’est formé à l’ouest que par un pan-de-bois, et il présente des trous d’encastrement de poutres pour ce qui peut être un hourd. (Galerie en charpente établie en encorbellement au sommet d’une muraille et utilisée pour le lancement de projectiles sur les ennemis).

L’abside, voûtée en cul de four, est couverte en lauzes de calcaire. La nef aujourd’hui voûtée d’arêtes était sans doute initialement charpentée. Un élément d’imposte représente les têtes de deux personnages dont une main apparaît sur un bâton au-dessus de triangles superposés.

L’édifice roman comprend une nef de 57 m2 à deux travées voûtées d’arêtes et un chœur en hémicycle couvert d’un cul de four de 20 m2 avec une sacristie accolée au nord rendant une baie aveugle. La porte d’entrée est percée dans le mur sud. Deux bénitiers sont insérés dans le mur.

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A l’extrémité du mur ouest de la nef est adossée une tribune en bois avec un escalier permettant l’accès au clocher. Ce clocher est oblong, formé d’un mur pignon et d’une chambre de cloches en hourdis et domine l’église à l’ouest. Seule sa moitié inférieure aurait survécu depuis le XIIIe s. Sa partie supérieure aurait subi des modifications ultérieures. Il présente vers l’ouest un mur en pierre de bel appareil et donne un bel élan à la perspective.


Extrait de l’ASSAPE : le musée campanaire : Le clocher comporte deux cloches :

  1. SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM-

    Parrain : M Pierre Adrien Fred MIRAMBEL de MARTIGNAC- Marraine : Mme Marie Anna Nelli BORREDON de TREBUZAT- M. JN BERGUES curé-

  2. MARIE CONCUE SANS PECHE-

    Parrain : M. Hypolyte Antoine ALDHUY- Marraine : Mme MARIN BERGURD de GIGOUZAC- M. J. N. BERGUES curé-

Fondeurs : LEVEQUE Père et fils à Montauban en 1876


L’église est ornée de peintures murales remontant à la fin du XVe siècle, au nord et au sud de la nef, comme l’indique le costume de la Luxure. Sa coiffe était à la mode à l’époque d’Anne de Bretagne, à la fin du XVe siècle. Cette période charnière entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle fut également celle de la diffusion de la dévotion au purgatoire que l’on trouve dans les peintures de Martignac. Les autres peintures qui décorent la voûte en cul-de-four sont postérieures d’environ un siècle.


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HISTOIRE DE L’ÉGLISE de Pierre Es Liens de MARTIGNAC – 46 – Lot

L’Ecclesia Martinhaco est mentionnée au XIIIe s puis au début du XIVe s dans le plus ancien pouillé du diocèse de Cahors. (Sous l’Ancien Régime, relevé de tous les biens et bénéfices d’une abbaye, d’un diocèse, d’une province… ; registre ou liste de ces biens). Elle se trouvait dans l’archiprêtré de Pestilhac.

1055 : Donation du lieu par les Seigneurs de Pestilhac.

- XIIIe s :

Toutes les baies de l’édifice possèdent des linteaux échancrés caractéristiques du XIIIe siècle : nef, chevet et partie inférieure du clocher dateraient aussi du XIIIe s et c’est à cette période qu’apparait le 1er document faisant mention de cette église. On ignore tout de l’histoire de cette église. Aucune famille noble n’est mentionnée dans les archives les plus anciennes datant de 1290.

Acquisition par les Évêques de Cahors de la châtellenie de Puy L’Evêque. Les Bénédictins Blancs de l’abbaye de Moissac entreprennent, à Duravel, la construction d’un monastère destiné au repos des évangélistes rentrant de pays lointains, principalement d’Asie. Séduits par le site de Martignac, ils y auraient construit une annexe de Duravel.

Fin du XVe et début du XVIe s : Réalisation des peintures murales

- XVIe ou XVIIe s :

Construction de la couverture en voute d’arêtes sans doubleaux dont les retombées ont obturé les jours des façades nord et sud, ouvertures primitives de la nef. Et pour les remplacer deux grandes baies plein cintre ont été percées sur la façade sud, certainement celles existant aujourd’hui. Ces travaux ont endommagé les peintures murales sans doute déjà recouvertes de plusieurs couches de badigeon.

Construction probable de la partie médiane du clocher s’étageant entre la toiture de la nef et le sommet du clocher.

1774 est une date gravée à l’appui de la communion. Correspond-elle à la réalisation de ces travaux ? comme l’estiment d’autres historiens.

- XIXe siècle :

1801 : Martignac est rattaché à la paroisse de Puy L’Évêque.

1805 : Un procès-verbal sur les 27 églises du canton stipule que le presbytère vient d’être racheté avec le jardin depuis peu moyennant 1 200 F, que le cimetière est clôturé et qu’il possède une croix en pierre au milieu.

1846 : un rapport du maire, à l’intention de M. le préfet signale : «Il est surprenant qu’il ne soit jamais arrivé aucun accident au sonneur, en montant ou en descendant une échelle de main d’une hauteur prodigieuse qui, se trouvant en permanence dans l’église, offre un mauvais aspect à la personne qui y entre» il poursuit en demandant « une tribune dont l’escalier servirait à monter au clocher et sur laquelle se placerait un grand nombre de personnes dont la nef serait ainsi débarrassée… la paroisse étant dans l’impossibilité de fournir aux frais de construction d’une chapelle ». A noter que cette demande est antérieure à la date de fonte des cloches actuelles.

Travaux au presbytère : Dans ce rapport, il est mentionné aussi que « une partie du presbytère existe depuis un temps immémorial et appartient à la commune, l’autre partie est en état de construction à l’aide d’une imposition extraordinaire sur les habitants de la paroisse et que 300F sont attribués par la commune pour donner plus de confort au presbytère et permettre son entier achèvement.

1863 : Date figurant sur le linteau de l’entrée : Modification de l’entrée de l’église. Elle ne semble pas avoir été toujours à la place actuelle, en témoigne la rupture des peintures intérieures.

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Le nom de l’église est gravée sur la voussure du tympan qui lui,est creusé d’une niche contenant une statue de St Pierre Es Liens. Sur le linteau est gravé : RESTAURÉE SOUS L"ADMINISTRATION DE M. MERCIÉ EN 1863. (M. MERCIÉ était le maire en exercice de la commune de PUY L’ÉVÊQUE).

1876 : Sur la demande du conseil de fabrique, la municipalité acquiert un terrain pour créer un nouveau cimetière. Le souhait est émis pour l’ancien «d’en faire un jardin de fleurs pour nos autels, fermé à tous les divertissements profanes sous la surveillance quotidienne du desservant et de l’approprier par des allées à nos processions dominicales».

1876 est une date inscrite sur les cloches : leur date de fonte. Il est possible que la partie supérieure du clocher ait été modifiée à cette date pour y installer les cloches.

La fabrique, au sein d’une paroisse catholique, désigne un ensemble de « décideurs » (clercs et laïcs) nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction puis l’entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse : église(s), chapelle(s), calvaire(s), argenterie, luminaire(s), ornement(s), etc. Le terme « Fabrique d’Église » désigne à l’origine une assemblée de clercs auxquels se sont ajoutés, depuis le Concile de Trente (1545-1563), des laïcs, chargés de l’administration des biens de la communauté paroissiale. Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs mais aussi de la location des places de bancs dans l’église qui fournissaient un revenu régulier (bien souvent perçus annuellement à date fixe) pour la fabrique.

- XXe siècle.

1903 : 1ère réfection de la toiture de l’église, du clocher et de la sacristie. Un devis de 1298 F précise que la couverture en pierre plate du pays sera remplacée par une couverture en tuiles mécaniques ardoisées après la restauration de la charpente.

1918 : A la fin de la guerre 1914-1918 , “abandon de la Fabrique qui n’a pas permis de garder en état le toit et les murs.

1938 : Quelques morceaux de plâtre détachés du mur alertent l’abbé Cassagnade, curé doyen de PUY L’ÉVÊQUE. Avec patience et habileté, il met à jour, avec l’aide d’un couteau, une des plus belles peintures murales du Quercy.

(Pour mémoire, il en existe aussi à Rampoux, St Pierre de Livernon, Tauriac, St Martin de Moissac et St Étienne de Cahors, celles-ci datant du XIVe s. La presse rendit compte de cette découverte sous la plume de R. REY.

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Né à Marminiac, l’abbé Martin Cassagnade a été curé de Puy L’Évêque de janvier 1926 à sa mort en 1940.

L’ASSAPE relate dans son fascicule intitulé : Notre patrimoine de mai 1998 :

Avec une patience infatigable et une habileté surprenante, muni de simples couteaux et perché sur ses échelles, la soutane protégée par un grand tablier bleu de jardinier, l’abbé Martin Cassagnade, dont beaucoup d’entre nous gardent le souvenir passait de longues heures à gratter et à remettre à jour de splendides peintures murales de XVe siècle qu’un épais badigeon de chaux avait occultéées vraisemblalement lors de la construction de la voûte au XVIIe siècle.

9 juillet 1943 : L’église de Martignac est classée Monument historique. (par la Société française d’Archéologie, Musée des Monuments Français, Palais de Chaillot, 1 Place du Trocadéro – 75116 PARIS)

Fin 1943 : Melle Marthe FLANDRIN et en 1947, Melle A. DEBES, désignées par le ministère des beaux-Arts exécutent la copie des peintures pour le Musée des Monuments Français. C’est dire leur valeur artistique.

1948 : 7 ans après le signalement d’absence d’entretien, des dépenses sont enfin engagées dans ce sens : Restauration de la toiture du chevet et des peintures du chœur. Des photos antérieures à la restauration montre l’ampleur des retouches réalisées. Les Vertus et Nicodème (sur la mise au tombeau) ont été alors fortement remaniés.

1852-1855 : Restauration.

25 octobre 1974 : Le hameau de Martignac est inscrit sur le registre l’inventaire des sites pittoresques du Lot.

1974 : Restauration de l’église :

  1. Assainissement au niveau du mur nord (création d’un drain de 60 cm de profondeur effectué manuellement du fait de l’inaccessibilité d’un engin et application d’un enduit hydrofuge sur le mur) pour favoriser l’écoulement des eaux.

  2. Réparation de la toiture et recouvrement du clocher et de la nef en tuiles plates vieillies, et du chevet en lauze de pierre (Toiture mise en place malgré l’avis défavorable des Bâtiments de France car elle ne respecte pas le couvrement originel de l’édifice).

  3. Restauration des peintures du chœur par les Beaux-Arts. Des infiltrations d’humidité ont peu à peu détérioré les peintures et ont atténué leurs couleurs, très vives au moment de leur mise à jour. La mairie et les Beaux-Arts prennent en charge ces travaux pour une somme de 60 000 F chacun.

1986 : Michelle Fournié, historienne des mentalités et des comportements religieux, étudie sur le plan iconographique la représentation du purgatoire qui n’avait pas été identifiée par ses prédécesseurs.

1994-1996 : Travaux d’assainissement des maçonneries.

1998 : Restauration des peintures de Martignac.

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Statue de St Pierre Es Liens de Martignac.


LES PEINTURES MURALES.

Jean Lartigaut - Hitorien spécialiste du Moyen-Âge explique :

« Ce qui nous a été chichement apporté par les sources écrites est heureusement complété par les peintures murales de l’église de Martignac… Les murs intérieurs de cet édifice, en grande partie peints forment une sorte de catéchisme illustré pour une large part accessible aux paroissiens… »

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Environ 150m2 de peintures murales recouvrent l’abside, le cul de four et les murs nord et sud de la nef sur toute leur longueur. Elles ont été peintes sur un enduit de chaux presque pur de 3 mm puis ont été recouvertes ensuite d’un mortier à la chaux très chargé en quartz. Les couleurs utilisées sont restreintes : des ocres jaunes et rouges cernés de noir.

Cet ensemble d’images peintes à la fin du Moyen Âge dans une église rurale est exceptionnellement riche et complet. Plusieurs artistes ont certainement collaboré à la réalisation de cet ouvrage mais il est très difficile de préciser la répartition des tâches.

N’ont été conservés ni testaments, ni comptes de Fabrique, ni statuts d’une confrérie, ni règlements à l’usage des prêtres obituaires qui puissent nous renseigner sur le contexte de la commande de ces peintures.


LE THEME DES PEINTURES MURALES.

a. Sur le mur nord :

Les Péchés Capitaux ont fait partie de l’iconographie courante au XVe siècle et à Martignac figure une des plus harmonieuses expressions françaises de ce thème. Ces peintures murales nous éclairent sur les mentalités religieuses de ce temps.

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b. Sur le mur Sud :

Le paradis et le purgatoire.

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c. Au niveau de l’abside :

  1. Au registre supérieur : Dieu en Majesté.

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A la voûte du cul de four, Dieu (et non le christ usuellement représenté au XVe s dans le cul de four des églises) est représenté en Majesté, coiffé d’une tiare à 3 couronnes, assis sur un trône et vêtu d’un manteau rouge. Ses yeux sont manifestement très grands. Sa main gauche est posée sur un globe surmonté d’une croix à double traverse et il bénit de sa main droite. Autour de lui, le symbole des 4 évangélistes : l’aigle pour St Jean, l’ange pour St Mathieu, le lion pour St Marc , le taureau pour St Luc dont le nom est inscrit sur un phylactère. Cette figure centrale, placée dans l’axe de l’église prend toute sa force lorsqu’elle est mise en rapport avec l’iconographie des grandes scènes développées sur les murs latéraux.

  1. Au registre médian datant de la fin du XVIe s : Les Vertus:

Sept femmes sont les représentations des modèles de Vertus symbolisant les qualités morales nécessaires pour accéder au Paradis. De Gauche à Droite dans l’église : La Prudence, la Tempérance, la Force, la Justice, la Charité, l’Espérence et la Foi.

C’est par leur attribut qu’on reconnait les 4 Vertus cardinales (qui servent de pivot, de centre) et les 3 vertus Théologales (qui ont Dieu pour objet = Foi, Espérance et Charité).

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I. La Prudence - II. La Tempérance et III. La Charité . Photos provenant du Conseil Général- Occitanie-

I. La Prudence lit dans le miroir de l’avenir qu’elle tient de la main droite ; dans sa main gauche, elle tient un livre ouvert. A ses pieds se trouve une forme difficilement identifiable.

II. La Tempérance possède une coiffe à résille perlée et transvase un liquide (Met elle de l’eau dans son vin?). Définition de Tempérance : Modération dans les plaisirs (mesure), notamment dans la consommation d’alcool et de nourriture (frugalité, sobriété).

III. La Charité n’est identifiable que par déduction. Elle porte un livre fermé sous son bras droit, sa main repose sur un instrument posé sur ses genoux. De l’autre côté, elle présente un étrange édicule ressemblant à une pièce d’orfèvrerie surmontée d’un petit personnage tenant une bannière. Elle est placée entre les 2 autres Vertus théologales.

Cette représentation de la Charité ne répond à aucun des modèles français ou italiens répertoriés par Emile Mâle (Historien d’art français et membre de l’Académie française, Émile Mâle fut un spécialiste de l’art chrétien médiéval et a laissé une œuvre importante, qui compte de nombreuses monographies sur les églises et cathédrales de France) pour la fin du Moyen Age.

Dans un style plus récent, les Vertus ornent le pourtour de l’abside : sept personnages féminins incarnent ces vertus entre 2 frises de couleur rouge. Ces Vertus sont représentées en camaïeu gris au moyen d’un jeu de hachures (entrecroisement de petits traits noirs plus ou moins fins sur fond blanc (évoquant la technique de la peinture flamande du XVe siècle sur panneaux), et se détachent sur un fond gris sombre pour donner l’illusion de statues dans des niches. Cette pratique en peinture mural est unique dans le sud-ouest.

Ces vertus portent des coiffures exubérantes, des vêtements aux plis profonds et aux chutes complexes avec des nœuds flochés (dont la torsion est faible). En outre, elles portent toutes un livre ouvert ou fermé. Ces Vertus dont la sagesse semble contenue dans ces ouvrages savants sont peu communes. Ces effets stylistiques font référence aux écoles du Nord.

  1. Au registre inférieur : La mise au tombeau et les anges de la courtine.

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Anges de la courtine.

Photos de Philippe POITOU - 2010- Conseil Général - Ociitanie -

Les anges à la courtine (Mur de fortification rectiligne, compris entre deux bastions) tiennent une tenture gris foncé bordée d’un galon jaune. Les 4 anges regardent vers le bas, les 2 premiers aux ailes déployées regardent à leur gauche tandis que les 2 suivants aux ailes repliés regardent vers leur droite.

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Des études comparatives ont été réalisées. Elles présentent des similitudes iconographiques avec les peintures murales découvertes dans :

  • l’église de Mail à Pujols dans le Lot et Garonne (47) sur la vallée du Lot.
  • l’église St Pierre de Pervillac à Montaigu de Quercy (82)
  • l’église St-Perdufle de la Masse aux Junies (46)
  • le château de Dissay en Poitou (86) Donc des questions se posent :
  • Quelles étaient les modalités de diffusion des styles à la fin du Moyen Age ?
  • et quelles étaient la composition et l’organisation des ateliers de peintures monumentales à cette époque ?

Ces peintures murales sont représentatives de l’univers mental et culturel de la population de l’âge roman.

imagefacesud680, Photo de Philippe POITOU - 2010- Conseil Général - Occitanie -