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Chapelle St MICHEL

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Jean LARTIGAUT (1925-2004), notre historien spécialiste du Moyen Âge a cherché en vain, la chapelle ailleurs dans le centre bourg de PUY L’ÉVÊQUE, car St MICHEL était réputé pour aimer les lieux élevés.

Force est de constater qu’ici la chapelle est dans l’habitat subordonné, en contrebas du Fort.


Sources de documentation :

Charles DELONCLE (1823-1884) : - PUY L’ÉVÊQUE et ses environs.(1864)

Jean LARTIGAUT (1925-2004): PUY L’ÉVÊQUE au Moyen Age –

• Chanoine Eugène SOL (1877-1953): Le vieux Quercy -

Jacques MAYSSAL : PUY L’ÉVÊQUE - Découverte et mémoire de mon village -

ASSAPE et Archives de Serge SOUPLET

Conseil Général du Lot : Les archives de Pierre : Les églises du Moyen Âge dans le Lot – L’inventaire des maisons du Moyen Age dans la commune de PUY L’ÉVÊQUE (2005-2007)


I. DESCRIPTION DE LA CHAPELLE ST MICHEL.

L’entrée de la chapelle s’effectue depuis l’escalier de la rue des Pénitents.

La chapelle comprend 2 nefs rectangulaires séparées par un mur de refend largement ouvert par 2 arcades brisées.

image2, Nefs680

Les fidèles qui rentrent dans la chapelle sont invités à se diriger vers l’Est où se trouve le chœur comme dans la majeure partie des églises.

L’Est où le soleil se lève est le symbole de : source de vie et renouveau. Il joue un rôle essentiel dans les pratiques religieuses.

Le chœur est en surélévation : C’est dans le chœur que se fait :

  • la lecture de la parole du Christ
  • et la célébration de l’Eucharistie : le sacrement qui perpétue le sacrifice du Christ.

LE CHOEUR

Dans le chœur se trouve un autel-tombeau surmonté d’un retable.

image3, Choeur680

• L’autel tombeau date du XVIIIe s, il est orné d’un agneau :

L’agneau sur l’autel est le symbole de l’innocence, de la douceur, de la bonté et de la soumission à la volonté de Dieu, en référence au sacrifice d’Abraham qui était prêt à sacrifier son propre fils si Dieu l’exigeait.

• Le tabernacle doré est orné de coquilles St Jacques. (Meuble qui abrite le ciboire contenant les hosties consacrées). Elles ornent aussi la porte d’entrée.

Elles symbolisent le pouvoir, la renaissance et la résurrection. C’est à travers les légendes que la coquille Saint-Jacques s’est imposée comme attribut de l’apôtre Saint Jacques. C’est un symbole ancien, étroitement associé aux chemins de Compostelle, et plus généralement au pèlerinage chrétien. Une tradition fait en effet état, qu’après le martyre de l’apôtre Jacques à Jérusalem en l’an 44, son corps fut emmené en Espagne. Au moment où le bateau accosta, un cheval pris peur et tomba à l’eau, entraînant son cavalier avec lui. Selon la légende, le cavalier et sa monture furent tous les deux miraculeusement sauvés, et sortirent indemnes de l’eau, couverts de coquilles Saint-Jacques.

• Le retable est encadré de 2 colonnes avec des chapiteaux surmontés d’un entablement mouluré comprenant une frise végétale de part et d’autre d’une tête de jeune femme.


LE MOBILIER :

LES 3 TABLEAUX

1. « La Mise au Tombeau »

Grand tableau très sombre au centre du retable qui représente le Christ au moment où il est placé dans un linceul.

Il est anonyme et daterait du XVIIIe siècle.

image4, Christ550

Deux autres sont situés sont dans la pénombre des murs Nord et Est.

Ils datent sans doute de la 2e moitié du XIXe siècle, période du Renouveau religieux, qui a fait suite aux périodes très mouvementées de la Révolution.

2. La Confrérie du Rosaire.

Ce tableau est en train mauvais état.

Le rosaire est un chapelet composé de cinq dizaines de grains qui symbolisent cinquante roses envoyées à Marie. Il incitait à la récitation de l’Ave Maria en vue d’indulgences.

image5, Rosaire550

La vierge à l’enfant remet le rosaire à St Dominique (1170 - 1221) fondateur de l’ordre des prêcheurs (ou Dominicains) et à Ste Catherine de Sienne. (1347-1380) (qui fut une médiatrice dans le nord de l’Italie et le sud de la France).

3. St Eloi, patron des orfèvres, mais aussi d’autres ouvriers qui se servent d’un marteau comme les forgerons, les maréchaux-ferrants, les corroyeurs qui travaillaient le cuir. Ces corporations d’ouvriers existaient à PUY L’EVEQUE.

image6, StEloi550

Saint Éloi (588- 660) fut d’abord orfèvre et monnayeur, il fut ministre des Finances auprès du roi Dagobert Ier puis évêque de Noyon**

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Ces tableaux ne sont pas signés. On sait juste que des peintres spécialisés dans l’art religieux ont été très actifs dans le Lot, notamment Joseph Piazza entre 1865 et 1884 (pendant la période du renouveau religieux).

Joseph Piazza est un immigré italien, venu en France, à Montfaucon, vers 1852 pour prendre la suite de son cousin en qualité de professeur de dessin, au petit séminaire. Le volume de sa production dans le Lot est important et concerne, pour une large part, des commandes religieuses en raison de sa profession.


LES STATUES :

  1. La statue de Jeanne d’Arc : Elle est souvent représentée dans les églises car elle est le symbole du patriotisme. Elle est morte en 1431, fut béatifiée en 1909 et canonisée en 1920.

Si Jeanne d’Arc s’est imposée parmi les principales figures de l’histoire de France, c’est en partie dû aux nombreux relais littéraires, politiques et religieux qui ont mis en avant le personnage depuis plus de quatre siècles.

  • Au XVIe siècle se développa un 1er modèle légendaire : celui de la Pucelle considérée comme une intervention divine conçue pour sauver le royaume de France.

  • La Révolution française a banni la pucelle.

  • A l’époque de la Restauration commença la transformation de sa modeste histoire en légende puis en mythe.

  1. Les statues de Marie et de Joseph figurent de part et d’autres du retable.

  2. La statue de St Michel.

image7, StMichel450

St Michel est le Chef de la milice céleste des anges du Bien. St Michel est très souvent représenté en chevalier ailé qui terrasse le Diable avec sa lance - (serpent, dragon ou démon)

Vers la fin de la guerre de cent ans, les sentiments patriotiques commençaient à se manifester et les rois de France, lors de ce long conflit, avaient placé le pays sous la protection de St Michel : le messager entre le Ciel et la Terre, le combattant défenseur de la Foi et le symbole de la puissance de l’Eglise.

St Michel représentait le protecteur idéal de la monarchie française. Il est réputé, comme il est dit antérieurement, pour aimer les lieux élevés.


image8, Entrée550


LES AUTRES ÉLÉMENTS DE MOBILIER :

1. Le 2ème Autel : Il est placé dans l’autre nef, nous n’en avons aucun renseignement, il est en très mauvais état.

2. Une niche-crédence moulurée en trilobe : Encastrée dans le mur à droite de cet autel. Elle fait penser à la niche-crédence présente dans la 1ère travée de l’église St Sauveur qui date du XIVe siècle.

image9, Niche450

3. La chaire dont la date de fabrication est inconnue, présente 4 faces à l’effigie des évangélistes. Chaque évangéliste est accompagné d’un homme ou d’un animal :

Le taureau pour St Luc, l’homme ailé pour St Matthieu, le lion pour St Marc et l’aigle pour St Jean.

image10, StLuc - image11, StMatthieu - image10, StMarc - image11, StJean

4. Le siège du célébrant. Ce siège ancien, très sculpté est placé à proximité du Choeur. Il est réservé au prêtre qui célèbre l’office.

Les accoudoirs permettaient au prêtre de se relever plus facilement. Le dossier était synonyme de confort mais aussi d’importance.

image14, Chaise330 - image15, Chaise361

Pour gérer le mobilier, y compris les bancs et chaises des fidèles, il existait un Conseil de fabrique jusqu’à la Révolution Française, au sein d’une paroisse catholique.

Le Conseil de Fabrique était composé d’un ensemble de clercs auxquels se sont ajoutés des laïcs, depuis le concile des Trente c’est à dire aux environs de 1550. Ce conseil de fabrique avait la responsabilité de la collecte et de l’administration des fonds et revenus nécessaires à la construction et entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse. Les revenus de la fabrique provenaient des quêtes, offrandes, dons en nature, loyers et fermages, legs mais aussi de la location des places de bancs ou chaises dans l’église. La loi de séparation des Églises et de l’État en 1905 a supprimé les Fabriques.

Cependant, au Moyen Âge, les fidèles assistaient à la messe debout ou à genoux. Il faut attendre le XVIe siècle, et des messes de plus en plus longues, pour voir apparaître des assises pour les fidèles.

Dans les églises, la disposition figée des bancs ou chaises que l’on connait aujourd’hui date seulement du XIXe. Auparavant les bancs ou les chaises étaient loués.

Les assises étaient basses pour les personnes de taille moyenne et étaient donc vite inconfortables (défaut de circulation au niveau de la zone ischiatique). L’alternance de la position assise et debout pendant la messe permettait de compenser cet inconfort, tout en maintenant le fidèle éveillé.


image8, 2autels680


Voici les propos de Charles DELONCLE datant de 1864 concernant la chapelle St MICHEL, dans son livre : PUY L’ÉVÊQUE et ses environs - (1823-1884) :

« … A Puy L’Évêque, une partie de ses vieilles constructions restées debout, porte le cachet du XIIIe siècle, aux 1ères années duquel remonte son histoire… Seule l’archéologie peut retrouver quelques traces de l’époque antérieure. On découvre à peine encastrés dans une muraille de ruelle, des débris de deux petites baies romanes dont les pieds droits gravés au trait et arrondis sur les angles, portent un chapiteau à volutes finement sculptées. Ces pierres mutilées provenaient sans doute d’une ancienne église ayant existé dans la partie intérieure de la ville sur l’emplacement de laquelle a dû être rebâtie la chapelle des pénitents bleus, construction informe, dépourvue de tout intérêt, de tout caractère architectonique. »

Ces propos sont peu élogieux. Les multiples remaniements réalisés successivement au cours des siècles ont trop chamboulé l’aspet initial de la chapelle pour que Charles Deloncle y trouve un intérêt exploitable historiquement et en parle favorablement !

Le manque de précisions géographiques ne nous permet pas de localiser les pierres qu’il décrit.

image1, 2nefs680


Cependant, cette chapelle St Michel située dans le centre bourg de PUY L’ÉVÊQUE a une Histoire.

Voici un ensemble d’informations recueillies et classées chronologiquement.


II. HISTORIQUE DE LA CHAPELLE ST MICHEL.

Situation géographique de la chapelle St MICHEL au Moyen Âge.

Jean LARTIGAUT a cherché en vain, la chapelle ailleurs dans le centre bourg de Puy L’Évêque et notamment dans les hauteurs, lieux de prédilection de Saint Michel.

Force est de constater qu’ici la chapelle est dans l’habitat subordonné, en contrebas du Fort. A la place de l’actuelle chapelle ST Michel, il y avait 2 maisons séparées par une étroite venelle en baïonnette comme l’indique le cadastre de 1760. La chapelle était au Nord, position attestée par une niche à ogive trilobée en arrière de la chaire. La maison du Sud, correspondait au consistoire : une salle de réunion et de justice.

image13, 1760P

image14, 1760L

Elle se situait au centre de vie du bourg de Puy L’Évêque.

a. A proximité d’une place :

Jean Lartigaut nous explique :

  • En 1293, la place la plus proche, s’appelait la place Al Quassimenier
  • En 1412, elle s’est appelée place Al casseminier (sans doute en rapport avec le travail du fer).
  • et aujourd’hui elle est la place de la Halle.

Cette place de la Halle a été réduite certainement lors de la construction de la bâtisse signée MERCIÉ en 1841.

b. A proximité de la cale.

  • qui était un quartier dense en population avec des rues rayonnantes vers les quais,
  • qui était le quartier des métiers, du temps où la rivière Lot créait des richesses. On y trouvait des marchands et des artisans, notamment des tanneurs, des cordonniers, des tonneliers, des forgerons, des corroyeurs…

c. A proximité de l’artère principale : la Rue St Sauveur.

Il y passait les diligences, avant les grands travaux des années 1860 réalisés sous de mandat de Jean Baptiste MERCIÉ. On a du mal a imaginer, aujourd’hui, l’importance de cette rue si étroite, dans le bourg moyennageux.

d. A proximité du coeur administratif et de l’habitat bourgeois centralisés Rue Bovila jusqu’à la révolution,


image8, PLE680


La date du 23 juillet 1444 :

C’est à cette date du 23 juillet 1444 que nous avons pour la 1ère fois, une trace écrite de la chapelle St Michel : Il s’agit du testament d’un recteur de Touzac qui attribue un don à St Sauveur et à St Michel à PUY.

1444, à cette date, l’église St SAUVEUR n’est qu’à moitié construite, qu’en est-il de la chapelle ST MICHEL ?

1444, c’est 3 ans après l’éviction définitive des Anglais de Puy L’Evêque, la fin officielle de la guerre de Cent Ans est 1453.

• Depuis quand existait-elle ?

• Est-ce par reconnaissance que cette chapelle a été érigée ?

• A-t-elle changé de nom en subissant des modifications ? Peut-être existait-elle sous le nom de Sainte chapelle comme on le verra plus tard ?

Ces questions restent en suspens.


En 1760 :

Jean Lartigaut dit :

En 1760, on sait que la chapelle St Michel n’occupait encore que la maison nord de l’édifice actuel. Le consistoire, réservé à la justice, à la partie sud, ne subsistait qu’à l’état de « bouge » (taudis) »

image13, Plan1760


En 1776

La chapelle a été affectée à la confrérie des pénitents.


Les corporations et les confréries.

Eugène SOL nous renseigne :

Les corporations étaient en nombre dans les grands centres. A chacune d’elles était jointe une confrérie. Les confréries étaient autrefois des institutions les plus respectables qui existaient dans les localités. Il y avait les confréries instituées dans un but de piété et de dévotion. Elles avaient chacune un patron. A PUY L’ÉVÊQUE, il y avait les confréries de Sainte Anne et des Pénitents. Cette dernière confrérie avait sa chapelle à part qui parait être que la chapelle St Michel située au-dessous du Fort.

  1. Les Pénitents bleus avaient pour patron St Jérôme dont il existe une statue dans l’église St Sauveur, a été créée à Cahors en 1588 par l’évêque Antoine EBRARD de Saint-Sulpice à l’époque des guerres de Religion. Elle associait laïques et religieux, élites de la société pour lutter contre l’hérésie.

Les pénitents étaient des fidèles catholiques, hommes ou femmes qui se regroupaient pour prier, souvent dans des manifestations de piété publique ou (processions. Leurs actions étaient caritatives. Un pénitent portait un habit qui s’appelait le « sac », symbole d’égalité, de prière et de service.

image15, Penitent550

Les réunions des pénitents bleus avaient lieu en général sur une tribune située dans une chapelle qui leur était dédiée. C’était effectivement le cas dans la chapelle St Michel. Cette tribune, adossée au mur ouest, était accessible par un imposant escalier intérieur en bois.

Les pénitents bleus ont essaimé dans de nombreuses paroisses jusqu’à la révolution, période pendant laquelle bien sûr ils disparurent. Ils réapparurent à Puy L’Evêque, au XIXe s, et disparurent définitivement au tout début du XXe s. Précisons tout de même qu’au fil du temps, la motivation originelle avait évolué et les derniers pénitents bleus faisaient vœu de regretter leur passé tout en restant de joyeux lurons.

  1. La confrérie de Sainte-Anne a existé au XIXe siècle. Elle est la patronne des mères et des veuves mais aussi des dentelières et des ébénistes.

Cette confrérie avait un autel dans l’église St Sauveur avant les grandes modifications de 1880 mais rien ne la relie, semble-t-il à St Michel.


Au sujet des confréries des arts et métiers, Eugène SOL dit encore :

Les confréries des arts et métiers pour les ouvriers, les marchands et les artisans, étaient les plus importantes. Elles ont joué un grand rôle, au Moyen Age, dans l’organisation du travail.
Elles furent parmi les premiers groupements professionnels qui résolurent la question des rapports entre ouvriers et patrons. Elles se trouvaient sous le patronage d’un Saint.

  1. La confrérie des cordonniers s’est réunie à la chapelle St Michel. Ses St patrons St Crépin et St Crépinien ont fait l’objet d’un tableau accroché dans l’église St Sauveur qui date du XVIIe siècle.

Ce tableau est protégé au titre des monuments historiques depuis octobre 1980.

En 1988, le presbytère possédait encore le registre des statuts et compte. Le préambule du registre est ainsi rédigé :

« La confrérie de St Crépin a été fondée à PUY L’EVEQUE depuis un temps immémorial selon la tradition. Elle a toujours été maintenue sans aucun trouble et marche dans l’ordre le plus parfait par tous les maitres et artisans cordonniers qui ont, dans une plus parfaite intelligence, respecté et suivi le règlement qui nous a été transmis par nos anciens. Et que nous allons recopier avec la ferme résolution de le maintenir et le respecter comme l’ont fait nos anciens. »

La confrérie était ouverte aux maitres et artisans exerçant ou ayant exercé la profession de cordonnier. Elle comportait 33 membres en 1868, 21 en 1874. Fin de la tenue du registre : 1877 sans aucune explication annotée.

  1. La confrérie de St Eloi qui regroupait les maréchaux et les forgerons ou autres personnes travaillant le fer. Cette confrérie a-t-elle existé à PUY L’ÉVÊQUE ?

Elle était courante au Moyen Age dans le Lot. Cette hypothèse pourrait expliquer la présence du tableau de St Eloi dans cette Chapelle ou celle des 2 pierres gravées d’une enclume à l’extérieur sur le mur Ouest.

Rares sont les hasards!

image16, écus


En 1793-1794 : la période mouvementée de la révolution.

Histoire de la tête sculptée sur l’entablement qui correspondrait à une représentation de la déesse Raison.

La déchristianisation a accompagné la Révolution Française pour défendre ses « acquis » notamment les libertés individuelles, de penser et de s’exprimer. Un culte de la Raison, d’inspiration athéiste, a été célébré dans des églises transformées en Temple de la raison seulement d’aout 1793 à mai 1794.
Ce culte a reçu un statut officiel par la convention nationale en mai 1794. Il fut vite replacé par le culte de l’être suprême, associé à son créateur, Maximilien ROBESPIERRE qui admet que Dieu existe sans cependant intervenir dans les affaires des hommes. Après la chute et l’exécution de Robespierre à la mi-1794, ce culte fut lui aussi passé dans l’histoire.

Ces cultes dans le Lot n’ont été célébrés que dans les plus grandes agglomérations. On n’en a aucune trace à Puy L’Évêque hormis cette tête qu’accompagne la légende transmise oralement : " La chapelle St Michel aurait été épargnée de déprédations grâce à l’insertion de la représentation de la déesse Raison dans le retable.


En 1804 :

Une lettre, datant de 1804, écrite par Guillaume Baltazar Cousin de Grainville, évêque de Cahors de 1802 à 1828 - présente dans le registre du conseil de fabrique 1801- et qui figure dans les archives diocésaines de Cahors, stipule que :

« Certains paroissiens ont exprimé le désir d’ouvrir la « Sainte Chapelle » qui correspond sans doute à la chapelle des Pénitents, ancienne chapelle St Michel, appelée ainsi depuis 1776, car l’église St Sauveur était difficilement accessible aux vieillards et aux enfants.

C’est la 1ère fois que le nom de Ste Chapelle apparait, a-t-elle porté ce nom à une période donnée ? Cette question reste en suspens.


En 1837, le plan cadastral montre les 2 maisons réunies pour former la chapelle aux dimensions actuelles.

Voici pour comparaison les plans cadastraux de 1760 et 1837.

image17, 1760-1837-680

Rappelons qu’à la fin du XIIIe siècle, PUY L’ÉVÊQUE avait presque atteint les limites de 1837, l’espace bâti ne différait guère en superficie de celui de 1837.

dit Jean Lartigaut.


En 1841,

La municipalité construit en face de la chapelle signé MERCIÉ une halle aux grains, emplacement astucieux car il utilise des différences de niveaux entre la rue Bovila et la place de la halle. La rue des pénitents était alors une pente et pas encore un escalier.


Au milieu du XIXe siècle, le RENOUVEAU RELIGIEUX :

LE RENOUVEAU RELIGIEUX conforte la foi traditionnelle face aux doutes hérités du siècle des Lumières et de la Révolution, à la montée des deux périls que constituent le libéralisme et à l’accélération de l’exode rural et de l’urbanisation qui favorisent déracinement et déclin des pratiques religieuses. Pour sensibiliser les foules, l’Église privilégie une dévotion démonstrative alimentée par la splendeur des fêtes liturgiques et un climat de miracles (apparitions de la Vierge à La Salette en 1846, à Lourdes en 1858).

C’est dans cette période que St SAUVEUR a bénéficié de ses grandes modifications. L’embellissement des églises pouvant être favorable à accroissement du nombre de fidèles.

St Michel s’est doté de tableaux.


En 1870 :

La destruction de la tribune et de son escalier en état de délabrement, à l’intérieur de la Chapelle, fait l’objet d’une demande.


Au début du XXe siècle,

La chapelle est en mauvais état et les confréries qui s’y réunissaient, cessent leurs activités.


En 1903 :

L’électrification de PUY L’ÉVÊQUE commence par le bourg grâce à l’ancien moulin reconverti en usine.

Le **1er décembre 1917 **que le curé Pradines acceptait l’offre de Mme Veuve Pignière concessionnaire de l’usine électrique de PUY L’ÉVÊQUE, d’installer 3 lampes électriques dans la chapelle, à titre gracieux.

image18, 1903-680


En 1908-1909 :

La chapelle St Michel aux 2 nefs subit de grands remaniments :

 Le plafond crevassé a été remplacé par 2 voutes jumelées en plein cintre,

 3 ouvertures ont été murées et 3 autres créées pour améliorer la clarté,

 Des portes déplacées,

 La tribune et son escalier d’accès supprimés,

 Le sol a été refait avec un dallage en mosaïque dans le chœur et un revêtement en ciment ailleurs.

 L’élévation ouest, rue du Fort, porte les traces de la rénovation de 1908-1909 : surélévation de la toiture et reconstruction du clocheton qui supporte la cloche datant de 1626. Elle est fixée à un joug de bois de chêne.

 L’élévation sud, côté escalier ou rue des Pénitents, a été largement reprise à cette même époque.

Ces travaux ont été réalisés pendant le mandat de Michel DELTIL , maire de 1903 à 1909 par un entrepreneur du nom de Crispel

Ils ont été effectués à l’instigation de l’abbé Gabriel Pradines (1850-1931), curé de PUY L’EVEQUE de 1895 à 1927. Ses initiales sont gravées dans le ciment du sol, face à la porte : GP, curé 1909, Crispel.

image20, Crispel680

La chapelle rénovée a été inaugurée le 24 mars 1909 par Monseigneur LAURENS de Cahors (1906-1911).


Une petite annecdote des années 1930,

Elle est rapportée dans le Patrimoine campanaire de l’ASSAPE :

Un incendie s’est déclaré dans une maison toute proche ; une personne émue et dévouée a sonné le tocsin avec tant de vigueur que la corde se serait cassée ou enroulée autour de l’axe. On a alors eu recours à la cloche de Saint-Sauveur.


Dans les années 1950,

La pente de la rue des pénitents a été aménagée en escaliers. C’est M. MARCOULY qui était maire à cette époque (1945 -1989)-


En 1972 :

On sait que des travaux ont réalisés par la Mairie et approuvés par l’ASSAPE mais quels travaux ? ils n’ont pas été décrits !


En 1991 :

L’ASSAPE et les jeunes de REMPART restaurent le pignon Est de la chapelle St MICHEL :

  • Démolition d’un escalier.
  • Suppression de l’enduit
  • Jointement des pierres

Ils mettent aussi en évidence une porte qui prendra le nom de portes des lépreux" depuis la cour de la maison des associations.

image 21, ASSAPE1991

A ce sujet de cette porte, une petite anecdote issue de la mémoire de M. SOUPLET mérite bien d’être relatée :

Les jeunes s’appliquant au piquage du mur intérieur, malencontreusement en poussent une pierre qui tombe dans la pièce opposée, c’est-à-dire dans la niche de la chapelle St MICHEL. Aussitôt, ils avertissent Serge SOUPLET qui alerte à son tour M. le curé FRIDRICH, curé en exercice, lui demandant de se présenter rapidement sur les lieux sans donner plus d’explications. M. SOUPLET, s’étant préparé mentalement à être réprimander, explique simplement les faits à M. le curé et après quelques secondes interminables… durant lesquelles il fixe le bout de ses chaussures, il entend une petite voix douce lui répondre : « Oh, que je suis content ! » Surpris, il lève aussitôt la tête et écarquillent les yeux et M. le curé réitère : « Oh, que je suis content, vraiment très content ! J’ai toujours entendu dire que les lépreux qui étaient confinés dans l’actuelle « maison des associations, avaient un accès direct à la chapelle St Michel. Je n’ai jamais su où se situait cette porte de communication, maintenant je sais ! »

Une porte basse, côté cour et une niche-crédence datant certainement du Moyen Age de l’autre.

Mais comment entraient les lépreux dans la chapelle ?

Peut-être n’avaient-ils qu’un droit de regard et d’écoute par cette niche sans fond !?

Eugène SOL nous parle de la léproserie de PUY L’ÉVÊQUE au XIIIe siècle :

Presque toutes les communautés importantes avaient une léproserie. Un registre de notaire de PUY L’ÉVÊQUE du XIIIe siècle, porte notion de «malaudies», ou «ladreries» ou «léproseries» à Puy L’Évêque, Duravel, Prayssac, Grézels, etc… A côté de chaque léproserie, il y avait le plus souvent un hôpital et une chapelle.


En 1998 :

Les jeunes REMPART dirigés par l’ASSAPE procèdent au piquage et rejointement du mur intérieur ouest et au débroussaillage du mur extérieur nord.

image 21, ASSAPE1998



Voici une petite contradiction relevée lors des recherches. Le conseil Général du Lot dit dans son inventaire des maisons du Moyen Age datant de 2005-2007 :

«2 maisons qui pourraient dater du XIIIe siècle sont transformées à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle (en témoigne la forme des congés des chanfreins). Elle dit aussi qu’elle pourrait être un rare exemple de chapelle de confrérie du Moyen Âge.»

Or, ces 2 maisons n’ont été réunies qu’entre 1760 et 1837 !

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En 2022 : Visite de la chapelle durant les Journées du Patrimoine.

La visite de la Chapelle s’est agrémentée de très anciens souvenirs de quelques puy l’évêquois au sujet de cette chapelle, comme les cours de cathéchisme ou le service de la messe en qualité d’enfant de choeur!

Merci aux visiteurs!

image24, JP-2022 -

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Conclusion :

Il est vrai que la chapelle a subi de nombreux remaniements et mérite encore quelques améliorations mais elle est un élément incontestable du patrimoine puy l’évêquois.

Qu’en est-il de la désacralisation de la chapelle St Michel que l’évêché a suggérée il y a quelques années ? Il n’y a aucune suite à cette demande, approuvée semble–t-il par M. le Maire.

Aucun office n’a été célébré dans cette chapelle depuis de nombreuses années.

Des expositions d’art et des concerts y ont eu lieu, apréciés par les visiteurs.


image25, Merci


Poème de Charles DELONCLE

(qui affectionnait sans doute possible, PUY L’ÉVÊQUE)

Les voies natales et nationales

       **PUY L’ÉVÊQUE**

Jeté confusément dans les plis d’un coteau

Au pied duquel miroite en longue nappe d’eau

Notre Olt gallo-romain, au sinueux rivage,

Se dresse presque à pic un bourg du moyen âge

Conquis, fortifié par l’Évêque-Baron

Et comte de Cahors, son belliqueux patron.

De là lui vient ce nom d’un pittoresque étrange,

Par le temps épargné quand tout le reste change.

Bien que des fiers prélats il ne soit plus vassal,

Ce site a retenu son cachet féodal,

Et toujours pêle-mêle aux flancs du monticule

La ville, église en tête, au hasard s’accumule

Par un escarpement bizarre, transversal,

En dépit du progrès rectiligne et banal.