preloader

Visite de l'extérieur de l'église St Sauveur

blog-image

Une succession de détails qu’un œil non averti ne voit pas forcément !


Sources de documentation :

  • Charles DELONCLE : PUY L’ÉVÊQUE et ses environs. (1823-1864)

  • Jean LARTIGAUT : (1925-2004) Historien médiéviste : PUY L’ÉVÊQUE au Moyen Age –

  • DESS Architecture Patrimoine de Cahors - 1996-97.

  • ASSAPE : le Patrimoine campanaire (1996-98) - - Archives de Serge SOUPLET.

  • Jacques MAYSSAL : PUY L’ÉVÊQUE - Découverte et mémoire de mon village – et - PUY L’ÉVÊQUE et son canton – (Cartes postales anciennes).

  • Les églises buissonnières dans le Lot – DESS Patrimoine Cahors- Toulouse – Promotion 1997.

  • Conseil Général du Lot : Les archives de Pierre – Les églises du Moyen Âge dans le Lot –


La construction d’une église n’est pas le fait du hasard.

Depuis la haute antiquité et dans toutes les civilisations, l’homme a toujours cherché à établir des relations avec le monde invisible et le monde vécu. Dans toutes les formes de religion, les religieux avaient pour rôle essentiel de favoriser ces contacts.
Il en était ainsi au Moyen Âge, les compagnons constructeurs édifiaient les églises romanes suivant des règles très précises en prenant en compte les éléments telluriques et cosmiques qui répondaient totalement à la destination des édifices pour favoriser la relation entre la terre et le ciel.



La 1ère des incertitudes historiques concernant l’église St SAUVEUR est celle de sa date de fondation.

De Jean LARTIGAUT.

L’église St SAUVEUR était très à l’écart du bourg au Moyen âge, elle était un bastion au Nord-Est de PUY L’ÉVÊQUE.
Il est vraisemblable que l’église ST SAUVEUR ait été élevée sur les restes d’un édifice très abîmé, situé déjà à l’écart du bourg, sur un relief plus élevé que celui de la tour.

En 1289, l’existence d’une église est mentionnée, pour la 1ère fois, par le notaire local Arnal DE SALAS.



Localisation de l’église.

De Charles DELONCLE, auteur de textes, en 1867 :

L’église paroissiale occupe le faîte d’un monticule et domine de là, emblème toujours subsistant d’une suprématie disparue mais de croyances impérissables, la vieille et si nouvelle cité, le fier donjon auquel elle fait face avec majesté et les humbles ruelles escarpées qu’elle protège de son ombre. Bâtie à ce point extrême et culminant de l’enceinte murée, cette église … faisait partie des ouvrages avancés et formait au nord-est du bourg une sorte de tête de camp.»



Le cheminement autour de l’église s’effectue dans le sens inverse de l’aiguille d’une montre.


1. Le porche de style gothique flamboyant date de la fin du XVe siècle.

  • Le porche voûté est ouvert sur 3 faces par de grands arcs brisés.

  • L’entrée de l’église se fait par 2 portes jumelles.

  • L’ornementation du portail s’inscrit sur toute la largeur de la tour. Les portes jumelles sont séparées par un trumeau et surmontées d’une archivolte flamboyante ornée d’une colonne torse engagée en son milieu, d’une série de choux frisés sur la voussure extérieure et de dais architecturés aux statues disparues dans les angles.

  • Un gable porte une Vierge à l’enfant, présente depuis 1940 en remplacement d’une statuette ancienne disparue. Un fleuron terminal porte un Christ en croix au pied duquel sont placés la** Vierge et Saint Jean** : la scène de crucifixion.

image1, Porche

  • Pinacle, gâble en accolade, choux frisés, dais architecturés et colonne torsadée sont des motifs décoratifs représentatifs du XVe siècle.

  • Un banc de pierre court à la base des ébrasements et du trumeau. Peut être permettait il aux cavaliers de monter sur leur cheval ou d’en descendre plus aisément ?



2. Trace d’un boulet de canon incrusté dans le mur de l’entrée.

Une pierre encastrée dans la murette séparant le chemin qui mène à l’église et la partie sud du cimetière, rappelle la forme d’un boulet de canon. Elle est surmontée d’une inscription difficile à lire : 5 juin 1580.
Elle a été arasée, il y a de nombreuses années.

image3, Boulet300

Ce boulet de canon serait un souvenir du siège que PUY L’ÉVÊQUE a subit le jour de la Pentecôte 1580 de la part des troupes du Duc de Caumont-Laforce, neveu de Biron, échappé de justesse du massacre de la St Barthélémy une vingtaine d’années plus tôt.

Il érait un fidèle lieutenant d’Henri de Navarre (Protestant) qui deviendra le futur Henri IV (catholique).

Cet événement a eu lieu quelques jours après le siège et le sac de Cahors par Henri de Navarre. 140 boulets de canon auraient été tirés en vain.

Charles DELONCLE dit avoir vu les traces des coups de canon sur l’église et parle de « traces non équivoques ». Son ouvrage - PUY L’ÉVÊQUE au Moyen-âge, Le Castrum et la Chatellerie - parait lors de la restauration de l’église, en 1867.



3. Des pierres tombales sur le parvis de l’église et au niveau de l’abside.

image4, PT200 - image5, PT2200



4. Une horloge solaire.

Elle est gravée sur une pierre de la face Sud du clocher.

image4, OS550



5.La statue de la vierge CALMON.

La vierge du sculpteur CALMON occupe l’angle du cimetière depuis 1864.

Le 7 février 1864, « le conseil de fabrique » relate que « M. DELPECH, curé de PUY L’ÉVÊQUE fait appel à la générosité des paroissiens pour l’érection d’une statue monumentale en l’honneur de la Sainte Vierge » et 1340 F sont ainsi récoltés.

image6, Vierge250

Cyprien-Antoine CALMON (1837-1901) sculpteur, élève des beaux arts de Toulouse a réalisé aussi la sculpture du petit diable essayant de retirer une pierre en haut de la tour centrale du pont Valentré de Cahors.



6. L’enceinte du cimetière.

Au XIXe siècle, le foirail jouxtait St Sauveur.

En mars 1855, un rapport sur les ouvrages à exécuter pour la restauration de l’église souligne l’intérêt de l’édifice et présente les travaux à envisager. Il est dit aussi que le cimetière pose quelques problèmes, il n’est pas fermé du côté nord et " il en résulte un accès ouvert aux animaux que l’on a quelques fois surpris rongeant des ossements humains. “

En 1884, une nouvelle demande de clôture a été faite « pour empêcher les animaux de toute espèce d’entrer dans le cimetière ».

La pierre étant gélive, les balustres ont été progressivement remplacées par un muret.



7. Description extérieure de l’église actuelle..

image1, Ext580

A l’extérieur, l’église apparait d’un abord simple :

  • Le clocher et la tourelle présentent un aspect massif et défensif qui contraste avec la finesse des sculptures du portail.

  • La tour-porche est épaulée par des contreforts diagonaux. Au sud du clocher, la tourelle abrite un escalier circulaire qui dessert les différents niveaux du clocher.

  • La toiture en ardoise possède un décrochement qui dissocie le couvrement du vaisseau central et de l’abside de celui des collatéraux.

  • sur le mur gouttereau sud (le mur portant une gouttière ou un chéneau), on remarque des ruptures d’appareillage. Chacun des contreforts marque une disparité de construction qui pourrait correspondre à différentes étapes dans l’édification de l’édifice. La partie orientale possède un appareillage de pierres de taille de forme allongée aux joints très fins. Au niveau du chevet, sur les 2 sacristies ainsi que sur la partie haute de la nef, les pierres ont un calibre parfaitement régulier.



8. Les gargouilles.

Au sommet des contreforts de l’abside, des gargouilles monstrueuses, construites en 1877, évoquent parfaitement le Moyen âge.

image7, Gargouille320 - image8, Gargouille200



9. L’échauguette à l’angle Nord-Est de l’église, date de la fin du XVe siècle.

Elle est construite en encorbellement. Elle repose sur des consoles formant mâchicoulis - galerie extérieure de pierre, en encorbellement et percée d’ouvertures destinées au tir plongeant- Les corbeaux - Eléments en saillie d’une paroi servant de support à une poutre- de la console d’angle ont leur extrémité taillée en biseau.

On distingue plusieurs fentes de tir en forme dite « de boite à lettre » ou des orifices circulaires qui font penser à l’usage d’armes individuelles portatives et permettent de dater l’échauguette à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle. D’autres ouvertures plus larges permettent la surveillance.

image9, échauguette250

Sur l’écusson central de la face Nord de l’échauguette, on ne distingue plus l’inscription mais Charles DELONCLE, dans son ouvrage indique y voir « deux tourelles aveugles et isolées sur les côtés… au dessus est gravée une inscription : 1392 FE ».

L’auteur croyait que cette date correspondait à celle de la construction de l’échauguette mais la pierre ne devait être qu’une pierre de remploi.
La forme allongée des consoles confirme aussi la datation à la fin du XVe siècle. 1395 est considérée comme la date de la 1ère consécration de l’église. Bien que non achevée elle fut apte au culte. FE correspondrait à François Episcopo ou François de Cardillac, évêque de Cahors de 1388 à 1404.

L’existence de l’échauguette à cet emplacement s’explique par la position excentrée de l’église par rapport au village. L’église était située le long de l’enceinte du village. Le clocher et l’échauguette jouaient un rôle actif de pour la défense du bourg.

Au début du XVIe siècle, les guerres de religion menacent. Le jour de la Pentecôte 1580, les troupes deHenri de Navarre (protestant), futur Henri IV (catholique), ont essayé en vain d’assiéger le village par le nord, en tirant des boulets (en pierre) contre l’église Saint-Sauveur.



10. La croix-calvaire à double face.

Une croix de calvaire ancienne est disposée dans le cimetière qui entoure l’église, du côté Nord. Elle a été inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 7 mars1944.

Mme le Conservateur régional des Monuments historiques avait proposé de faire une copie de la croix et d’installer l’original à l’abri dans l’église mais il fut décidé de l’abriter sous un baldaquin constitué de larges pierres plates supportées par quatre colonnes octogonales moulurées à leurs bases.

image10, Calvaire300

Description de la croix : Une colonne octogonale surmontée d’un chapiteau couronné d’une croix. Le chapiteau est en forme de corbeille conique décoré de motifs végétaux (feuilles de chênes) .

  • Sur la face ouest de la croix : Jésus crucifié est entouré de Marie aux mains jointes, à sa droite et de Jean à sa gauche. Marie et Jean semblent agenouillés.

  • Sur la face est, Jésus enchainé est conduit par deux soldats en référence à la scène de son arrestation sur le Golgotha. -Les branches de la croix sont terminées par quatre motifs végétaux plus larges que les branches, des feuilles s’enroulant sur elles-mêmes en volutes.

Un atelier local a certainement conçu cette composition au XVe siècle.

image11, FaceA200image12, FaceB200



11. La porte des Morts.

Murée à l’extérieur, elle était un passage réservé à l’accès au cimetière.

Entre les XIIe et XVIIIe siècles, les pratiques funéraires ont connu des évolutions liées en particulier aux grandes épidémies, telles que celle de la peste. Une des conséquences a été la nécessité de devoir accélérer les enterrements afin de limiter les contaminations. La porte des morts, passage entre l’église et le cimetière se trouvait située dans la paroi nord de l’église car le cimetière y était très souvent situé : le Nord étant le royaume de l’ombre donc des Morts.

Cette porte servait uniquement au passage des villageois humbles après leur cérémonie funèbre : le clergé et les notables, à cette époque, étaient enterrés dans l’église. Les fossoyeurs n’entraient pas dans l’église. Ils prenaient le corps en charge sur le seuil de la porte qui était ouverte uniquement dans le cadre de cet événement particulier. Cette pratique s’est généralisée à un point tel que ces portes se voient dans de nombreuses églises. Certains visiteurs s’étonnent parfois de leur étroitesse. Or, il faut prendre en compte que les corps n’étaient pas placés dans des cercueils mais simplement entourés d’un linceul.

image13, Portemorts250



Le Saviez-vous? -sources diverses.

  1. C’est à partir du IVe s que l’on parle d’églises pour les lieux de culte chrétiens. Les églises se sont réorganisées, au fil du temps, consécutivement aux réformes liturgiques et aux progrès en architecture liés aux progrès techniques.

  2. C’est à partir du IVe s que le christianisme devient progressivement la religion dominante en Europe. Il s’impose dans les écoles et les universités. Il engendre des chefs-d’œuvre dans tous les arts : architecture, sculpture, peinture et musique.

  3. C’est à partir du IVe s que la croix devient le symbole du christianisme. La forme de croix donnée aux églises par le transept, vue du ciel n’a jamais été une norme dans les plans d’édification des églises : elle n’a pas eu la faveur des bâtisseurs au Moyen-âge dans le Sud ouest.

  4. C’est entre les XIe et XVIe s que se situe la période phare de la construction des églises.
    Jusqu’au XIe siècle, l’architecture est romane employant des arcs plein cintre. A partir du XIIe siècle, l’architecture devient gothique employant des arcs brisés et des croisées d’ogive avec une clé de voûte.

  5. Toutes les églises sont dédiées à un St Protecteur. Celle de PUY L’EVEQUE est dédiée au St Sauveur.

  6. Jusqu’au XVe s, la nef, dirigeait les fidèles vers l’est, vers l’orient, c’est d’ailleurs l’origine du mot « orientation ».

Pourquoi l’Est ? Parce qu’à l’est, le soleil est montant et le soleil levant est le symbole du Christ réssuscité, du chemin de la Lumière Suprême. Les textes religieux considèrent que c’est de ce point cardinal que Jésus fera son retour glorieux parmi les Hommes.

On plantait ponctuellement un grand mât au lever du soleil au solstice d’été. On notait alors l’ombre portée par le mât, la direction de cette ombre définissant l’axe est-ouest.

  1. Le soleil levant est symbolisé par un oiseau qui annonce le lever du jour par son chant : il s’agit du coq. C’est pour cette raison qu’il est souvent présent sur les toits des clochers chrétiens. Selon vous, est-ce le cas pour l’église St Sauveur ? … vérifier donc par vous-même!

  2. L’usage du clocher est relativement tardif car ce n’est qu’à partir des VIIIe et IXe siècles que les moines ont fait des progrès en fonderie, et ont fabriqué des cloches atteignant 30 ou 40 cm de hauteur. Pointé vers le ciel, le clocher exprimait la domination spirituelle du clergé sur le territoire chrétien.
    Il était aussi un repère dans le paysage. Il signalait et signale encore les différents offices, les dangers et l’heure.

  3. Le clergé est propriétaire des lieux de culte jusqu’à la séparation de l’Église et le l’état en 1905.
    A partir de 1905, les églises sont propriété des communes et les cathédrales sont propriété de l’État.


image13, Merci

Fin de la visite.